Gamme Premium basse température

Je vous en parlais au détour d'un autre post : je travaille actuellement à l'élaboration d'une gamme Premium (donc mono cuisson, et à base de fer) qui cuit à plus basse température que les 910°C actuels. Pour l'instant, j'ai bien une baisse du point de fusion, mais j'ai très peu de retrait. La pâte semble cuire correctement, mais reste poreuse... donc c'est pas gagné, mais il y a tellement de tests à faire que c'est pas perdu non plus !

Je vous tiens au courant...

Ok... tous les espoirs sont encore permis !
Bonnes recherches Jérémie !

Je sais que tu aimes te lancer des défis et j'imagine bien qu'il est palpitant de faire des recherches sur de nouvelles pâtes, mais je me pose la question : est-ce qu'une gamme basse température est vraiment nécessaire ? Quand on choisit un métal, on s'adapte à ses contraintes : à part le problème des conteneurs qui s'abîment vite, y en a-t-il d'autres ? La pâte de métal offre un large choix, déjà...
Par contre, une pâte flexible, je ne dis pas ...

Oui, j'aime les défis !

Cuire à basse température entraîne beaucoup de points positifs :

> Cuissons économiques en électricité (intéressant pour le porte monnaie et pour l'environnement !).
> Augmentation de la durée de vie des fours et des conteneurs
> Moins de dégagement de monoxyde de carbone
> Cuissons plus rapides
> Possibilité de cuisson simultanée avec des pâtes qui ne supportent pas les très hautes températures.
> Augmentation de la plage de température de cuisson, donc droit à l'erreur et augmentation du taux de réussite des cuissons (ce qui est particulièrement intéressant pour les cuissons à plusieurs étages).

A cela s'ajoutent nécessairement d'autres changements (autres que la température), comme la solidité, l'aptitude au martelage, au perçage, l'aspect de surface (couleur, finesse). Comme d'habitude, en fonction des besoins, ces points peuvent être des avantages ou des désavantages.

Par exemple, avec la nouvelle recette de pâte d'acier que je teste en ce moment, j'ai remarqué que le retrait restait plafonné à 17%, même en cas de surcuisson. Il est très intéressant de pouvoir anticiper un retrait, et ce n'est pas le cas de toutes les pâtes. Par exemple, le bronze classique peut monter à 25% de retrait avant l'apparition de bulle, et à plus de 30% lorsque des bulles apparaissent. La nouvelle pâte présente un retrait de 17% à 900°C, et 17% à 950°C (avec début d'apparition de bulles à cette température). Enfin, la stabilité dimensionnelle est parfaite : aucune déformation (comme l'acier Premium actuel).

Pour l'instant, je teste la nouvelle recette de pâte d'acier seule dans mes cuissons, mais il me faudra faire des cuissons simultanées des deux Premiums (la version actuelle et la nouvelle) pour bien distinguer les différences de frittage avec des conditions de temps de températures de cuisson identiques. Pour cela j'ai l'habitude de cuire avec des objets identiques placés de manière symétrique dans le four.

Concernant le bronze doré Premium, mes échantillons sont secs et prêts à cuire, mais je conserve la priorité à l'acier pour le moment, pour ne pas me disperser. Et pour le coup, la nouvelle recette de bronze doré Premium est vraiment nécessaire, car l'ancienne a été retirée de la boutique pour cause de cuisson trop difficile (plage de cuisson très étroite).

Ah en effet, vu comme ça, je comprends mieux ! Alors bonne chance dans tes recherches, Jérémie

Merci !

De retour sur ce projet après 3 mois de pause (gros travaux dans la maison !).
Je vous présente donc les résultats de la nouvelle pâte d'acier "basse température" :

Je viens de défourner un test de cuisson à 880°C et je suis très satisfait du résultat !
Le retrait est correct : 15%, la pièce très solide.
Attention cependant, la couleur n'est pas fonction de la température comme on pourrait le croire.
Le gris clair est obtenu par un défournement immédiat une fois la température cible atteinte, et pose d'un couvercle. Ensuite, il faut vider le conteneur quand on peut saisir le conteneur sans se brûler...

Si on laisse le conteneur refroidir dans le four, les objets ressortiront noirs en surface. Le brossage avec une brosse à poils d'aciers ne peut pas récupérer cette patine sombre. Si on veut retrouver le gris clair, il faut y aller par abrasion.

Pour revenir au test lui même, on remarque une surcuisson à 950°C, avec cloques, et des cuissons OK à 900 et 880°C. Les 3 cuissons ont été faites dans un Prometheus RMP8 (=PRO1) sans faire de palier, et en montée pleine vitesse. Les objets ont été placés dans du charbon coco recyclé (1 cm dessous, 4 cm au dessus).

Pour info, le RMP8 peut atteindre les 880°C en 50 min. C'est pratiquement la même vitesse de montée en température que les M40 Cloud...

Cette nouvelle pâte sera sans doute prochainement en boutique, car elle permet a priori de gagner 30°C de cuisson par rapport à un acier Premium standard, ce qui n'est pas négligeable. Le revers c'est qu'elle est plus coûteuse à produire...

Au final, même si cette pâte ne révolutionnera sans doute pas le monde de la pâte de métal, cela reste une avancée intéressante. A présent, il serait intéressant pour moi de tester une cuisson simultanées d'un médaillon en acier Premium et en acier BT (basse température), pour comparer les solidités de la manière la plus rationnelle possible. Dans les prochaines heures, je lance les cuissons de la nouvelle recette de bronze doré Premium...

ah un grand merci Jeremie! je cafouille avec mes cuisson d'acier! j'ai eu Farida au téléphone qui m'a donné qq conseils et je commence à être plus satisfaite! ça avance et ça fait du bien! Mais c'est un peu comme avec l'argile! le maître n'est pas celui que nous pensons!

Il faut écouter la maîtresse matière...elle a toujours raison !

Hier, j'ai commencé les cuissons de la nouvelle recette de bronze doré Premium. A 850°C, c'est sous-cuit, mais à 880°C, c'est parfait. La surface après cuisson est moins granuleuse qu'avec l'acier BT. Cet effet grainé est d'ailleurs un inconvénient de ces nouvelles recettes, mais cela reste raisonnable. Il se forme de minuscules bulles de gaz dans la matière, ce qui, par la même occasion, réduit le retrait.

Je viens de défourner un test à 900°C pour le bronze doré. Je pense que ce sera trop chaud, mais il faut que je teste les limites. J'attends le complet refroidissement pour vider le conteneur et prélever l'objet.

Ce qui semble se dégager de ces tests, c'est la baisse des température de cuisson de l'acier et la hausse des températures pour le bronze doré. Ces nouvelles recettes peuvent être cuites simultanément, ce qui est très intéressant ! Cela présage de nouvelles possibilités de bijoux à plusieurs couleurs.

A très vite pour le bilan en photos...

Re !

Voici le résultat !


Je n'ai pas eu de bulles, c'est étonnant ! Tant mieux !
Le retrait max de 17% est atteint, il ne faudra pas faire plus chaud.
Les deux pâtes sont OK à 880°C et à 900°C !

Voici de nouveaux tests comparatifs entre la recette actuelle et la nouvelle recette :

et brossés :

Les 4 objets ont été cuits simultanément à 900°C sans palier, dans du coco recyclé, en respectant parfaitement une symétrie de température par rapport aux zones chaudes du four Prometheus.
Avec ces conditions identiques, la nouvelle recette présente un meilleur retrait et une quasi absence de tâches au défournement par rapport à la recette actuelle. Par contre, j'ai été surpris du faible retrait des deux médaillons d'acier. J'ai juste changé le conteneur par rapport au test d'hier. Le conteneur avait un volume et un poids doublés. Pour ce gros conteneur, je pense qu'un palier de quelques minutes s'impose pour que la température soit bien homogène jusqu'au centre du conteneur.

Bon à savoir, même avec son minuscule retrait de 8%, l'acier actuel reste impossible à briser à la main. Plus fin, l'objet pourrait par contre se briser en insistant, car ici, les médaillons ont 2,5 mm d'épaisseur. Les tâches gris foncé sur l'acier restent un indice de sous cuisson nette, la pâte demande donc une température supérieure, ou un palier un peu plus long...

J'en profite pour présenter un test d'incrustation d'acier réalisé au dos d'un médaillon de bronze doré Premium. Je trouve l'effet intéressant :

Le mini colombin d'acier a séché un peu avant que je l'écrase avec une plaquette de verre. Cela permet de conserver l'effet colombin, avec du relief.

Et pour les curieux, voici la photo de mon moule. La gravure, profonde de 3 mm, a été réalisée à la fraiseuse à commande numérique (CNC) dans un bloc de résine polyuréthane coulé pour l'occasion :

La précision de la gravure est supérieure à ce que j'obtenais avec des blocs de prolab65. Le prolab est aussi de la résine polyuréthane mais à plus basse densité, avec charge, ce qui donne un petit grain.