Créations multicolores + petites taches blanches

Me revoilà avec de nouvelles expérimentations !

Voici 2 essais de glass clay multicolore (polie selon process indiqué précédemment) et réalisées grâce à une technique utilisée en pâte polymère, que j’ai pas mal adaptée pour qu’elle fonctionne avec de la glass clay (pas encore au point car je n’arrive pas toujours à obtenir le résultat souhaité au niveau des nervures, je reviendrai la partager ici lorsque ce sera plus abouti).

Pour les parties roses, comme je n’avais pas la bonne couleur de glass clay sous la main, j’ai mélangé du blanc avec de la poudre de mica marque Pearl Ex couleur saumon. La couleur est fidèle à celle de la poudre, sauf que le côté irisé n’est pas présent. En revanche, je pense qu’en appliquant de la pearl ex en fine couche sur le dessus de la pièce avant cuisson, ça devrait être irisé (mais pas question de polir ensuite, à moins de réussi à faire une très grosse couche de pearl ex ? Encore un test à faire !).

En revanche, je me retrouve avec des petites taches blanches sur mes pièces, comme si des grumeaux de pigments blancs ne s’étaient pas bien mélangés (présents aussi sur la pièce bleue, faite un autre jour). Sur une autre pièce (ratée pour une autre raison), j’ai malaxé très longuement la pâte et j’en ai moins, mais j’en ai quand même un peu. Sauriez-vous comment éviter cela ?

Merci !

Je n'ai jamais vu de telles réalisations avec de la glass clay ! Encore une fois, bravo, cela démontre le potentiel encore inexploré de cette étonnante technique. Le côté marbré est très réussi malgré les points blancs.

Ces points proviennent de la présence de dioxyde de titane dans la composition de la recette de la couleur "blanc neige". Ce pigment a tendance à s'agglomérer naturellement en petits grumeaux, c'est une poudre "cohésive". Nous l'ajoutons en petite quantité pour améliorer la blancheur de la pâte de verre. Le mélange à sec est soigné dans notre atelier mais même après mélange, des grumeaux se reforment, Pour info, le colorant blanc de base (et majoritaire) de la pâte blanc neige est l'oxyde d'étain, beaucoup plus facile à mélanger sans grumeaux.

Pour lutter contre ces points blancs, il faut travailler la pâte à la spatule sur une plaque de verre pour écraser mécaniquement ces grumeaux. Le mélange à sec ne sera d'aucune utilité, il faut le faire à l'état de pâte hydratée, car dans ce cas, les grumeaux ne se reforment plus. Finalement, c'est un peu comme la pâte à crêpe et faire reposer la pâte avant de remalaxer est une technique assez efficace. Le malaxage soigné sur plaque de verre permet aussi de lutter contre les grumeaux de liant, invisibles pendant le mélange, mais qui peuvent laisser de minuscules points de couleur brun-jaune après cuisson.

Le problème du mélange des pâtes contenant du dioxyde de Titane existe aussi chez les peintres, et c'est pourquoi il est (comme pour notre recette) très souvent coupé avec des oxydes plus miscibles tels que l'oxyde de zinc et l'oxyde d'étain. On ne peut pas se passer de l'oxyde de titane car c'est le pigment le plus blanc et lumineux qui existe sur terre. Une glass clay blanche composée uniquement de pigment d'oxyde d'étain serait moins blanche et plus terne.

Pour illustrer ces observations, voici une photo d'un tas de poudre superfine d'oxyde de titane. On voit bien la nette tendance de cette poudre à s'agglomérer pour former des grumeaux.


Les "points" de pigments peuvent apparaître avec d'autres couleurs et sont surtout visibles sur les couleurs réalisées à l'aide de deux pigments de couleurs différentes. Par exemple, la couleur vert feuille insuffisamment mélangée à l'état pâteux peut laisser apparaître de minuscules grumeaux de pigments bleus et jaunes. L'autre couleur verte nommée "vert pomme" est issue d'un seul pigment de base de couleur verte et ne fait donc pas de grumeaux (ou plutôt pas de grumeaux visibles).

Enfin, concernant l'introduction de mica dans la pâte, c'était judicieux, car le mica tient très bien à la cuisson. Il est même plus doré après cuisson qu'avant cuisson. Le problème c'est qu'il est si réfractaire qu'il n'adhère pas au verre, à moins d'être dans la masse. Son éclat pourrait être visible dans une pâte de verre totalement transparente, mais la glass clay ne peut pas être transparente. Au mieux, une opalescence peut être obtenue en absence de pigment colorant. La raison est que la pâte contient des millions de bulles d'air qui donnent un côté laiteux à la pâte. En très forte surcuisson, prolongée pendant quelques heures, un verre transparent peut être obtenu... mais l'objet ne peut pas garder sa forme et se transforme irrémédiablement en flaque de verre (ou en glaçure traditionnelle si déposée à la surface d'une céramique).

Pour revenir au mica, c'est une technique qui peut, comme tu le pressens, être utilisée superficiellement. C'est une technique utilisée sur céramique depuis l'antiquité et que j'ai moi-même réussi à reproduire il y a une dizaine d'année. On parle de céramique micacée. Malheureusement, l'adhérence reste faible à tel point qu'il est possible d'utiliser des plaques de mica comme support pour le fusing du verre ! Le mica que j'ai utilisé provient d'un détournement de la vermiculite d'isolation thermique vendue en gros sacs dans les grandes surfaces de bricolage. Une fois passé au four au delà de 800°C, 45 min au M40 par exemple, la vermiculite devient super dorée et part en poussière très facilement par broyage. Avant cuisson, la couleur est verdâtre, peu brillante, et surtout impossible à réduire en poudre (le cristal de mica avant traitement thermique est plat, très fin, et souple). Je passais la vermiculite cuite dans un vieux mixeur et j'obtenais de très grosses quantités de poudre de mica pour un prix dérisoire. C'est une technique inédite issue de mes expérimentations à l'époque où je travaillais beaucoup à la reproduction de céramiques antiques. Plus tard, j'ai rencontré un potier qui réalisait expérimentalement, comme moi, des céramiques micacées, et il avait eu la même idée que moi ! (vermiculite cuite puis broyée)

Le mica peut sans doute être déposé après cuisson et après polissage avec une technique proche de la dorure sur verre (avec un primaire d'accroche comme celui donné en lien ci-dessous) :
https://www.amazon.fr/Primaire-pour-feuille-m%C3%A9tal-dargent/dp/B071ZLZTXF

Merci beaucoup pour toutes ces informations ! Je vais tester la spatule sur plaque de verre pour écraser ces grumeaux

une petite digression qui  n'a rien  à voir avec  la pâte de métal . Avant , en peinture à l'huile nous avions un blanc superbe, le blanc d'argent (ou blanc de plomb) qui sèchait  très vite et à coeur  c'était une merveille et les  crétins de l'europe, je veux dire les commissions européennes,  l'ont interdit  . Ils l'ont interdit pour les peintures industrielles ce qui est normal car l par ex  des enfants mangeaient les écailles de peinture qui tombaient par terre dans les   vieux appartements, les peintres en batiments   étaient atteints de saturnisme, mais ils l'ont aussi interdit pour les peintures artistiques ainsi que les merveileux medium a peindre qui font que les tableaux de la renaissance sont toujours   là.....
Mais les artistes peintres ne sont pas des crétins   et faisaient très attention; j'ai employé peinture et   mediums au plomb pendant des années et  je me faisais  controler le sang tous les ans, je n'ai jamais eu de problèmes. Idem en émail grand feu, les couleurs au plomb sont beaucoup plus belles , heureusement  ils ne les ont pas interdites ....

Pour les courageux, le blanc de plomb est facile à obtenir avec la recette de Vitruve, inchangée jusqu'à son abandon pour raison sanitaire au XXe.

Je n'ai jamais eu la chance de manipuler ce pigment fort intéressant. Et il est vrai qu'il est dommage d'abandonner si brutalement un pigment utilisé depuis 2000 ans... le seul recours est le DIY !

http://www.umr-lams.fr/ceruse/