le problème de tâches a-t-il une solution ?

Bonjour à toutes et tous,

Je suis toute nouvelle ici, et j'expérimente pour la première fois, la glass clay.
J'étais super impatiente, toute contente de mes pièces sèches (elles étaient petites et ont séché presque 24h).
Première cuisson ce matin dans mon petit M40 tout neuf, sur du papier céramique comme indiqué sur le site, 25 minutes, comme indiqué sur le site ... et super déception !
Mes pièces sont toutes tachées, voire brunie et légèrement déformées...
J'avais choisi le "blanc neige", car c'est surtout cette couleur qui m'intéressait, et visiblement, ce n'est peut-être pas le meilleur choix pour commencer...
J'ai cherché depuis ce matin, ce que j'avais pu rater... et en farfouillant sur le forum, j'ai lu que c'était un problème qui existait depuis TRES longtemps (messages de 2013).

Du coup, ma question :
- Depuis 2013, y a-t-il une solution pour éviter les tâches sur la pâte de verre ?
- j'ai aussi acheté de quoi fabriquer une galette en fire clay, mais je me demande si cela vaut la peine d'essayer ou si les tâches vont réaparaître de toute façon ?

Sinon, j'ai peur d'être très déçue de mon achat, je ne m'attendais pas à des résultats si aléatoires et compliqués à gérer... je voulais faire quelques bijoux avec du verre, pour diversifier ma gamme et tester d'autres matériaux, mais si personne n'a trouvé de solution à ce problème de tâches, ça va être compliqué...

Merci d'avance pour vos conseils et votre aide !

Le problème de déformation sera réglé si la cuisson se fait sur galette de Fire Clay. Le papier céramique vendu dans notre boutique n'est pas spécifiquement conçu pour le verre et sa texture feutrée peut entraver le retrait de la pâte de verre, causant des déformations, surtout pour les objets plats, ce qui est souvent le cas. Les papiers céramiques de type BullsEye ou Papyros ont une surface lisse moins adhérente. Dans la cas d'un fusing "traditionnel" de morceaux de verre plat, il n'y a pas de retrait du verre (ou peu) et le problème de déformation sur un papier céramique "feutré" sera peu ou pas présent.

Pour le problème de tâches, les cuissons sont parfois superbes, parfois décevantes, ou même en partie réussies sur une partie de la fournée et pas l'autre, ce qui a toujours été infernal à résoudre. Certaines couleurs sont plus sensibles à la décoloration brune/jaune que d'autres. Nous continuons néanmoins à proposer la gamme de Glass Clay dans son intégralité, et nous remboursons sans discussion les personnes qui rencontrent des difficultés.

Mais voici des pistes pour réussir les cuissons de pâte de verre :

Il semble nécessaire d'avoir une température équivalente au dessus et en dessous de l'objet. Pour cette raison, une cuisson sur galette semble intéressante car la galette (fine de préférence) peut être surélevée et permettre ainsi à l'air chaud de circuler sous l'objet à cuire. Une température plus forte au dessus qu'en dessous est beaucoup moins gênante qu'une cuisson qui se fait par le dessous. Dans le M40, la cuisson est périphérique, ce qui est une configuration risquée. Dans un four Prometheus, il y a 4 faces chauffantes, dont le plafond et la base, et si on pose les objets en verre directement sur cette base, les décolorations brunes sont énormes. Dans le même four, si on cuit au centre du four sur galette surélevée de quelques centimètres, tout va bien. Nous avons pensé un temps proposer des fours spécifiquement conçus pour la cuisson de la pâte de verre (nommés F50) mais ce fours sont restés à l'état de prototypes, car nous avons préféré rester sur un four polyvalent (et que la pâte de verre reste d'utilisation marginale). J'utilise néanmoins des fours "F50" pour cuire la pâte de verre : ils ont une résistance positionnée en hauteur sous le couvercle (résistance en étoile). On pourrait placer la résistance du M40 un niveau plus haut, voire deux niveaux plus haut (mais en retournant la résistance et le transfo aussi). Cette configuration donnerait de plus belles cuissons de verre mais peut entraîner une déformation de la résistance puisque celle-ci se retrouve suspendue dans le vide.

Concernant le papier céramique (celui de la boutique Météor), je pense qu'il pourrait être un facteur de brunissement pour deux raisons : il est isolant (car constitué de fibres céramiques de même nature que le four lui même !). Ce côté isolant empêche la chaleur d'accéder assez rapidement au dessous de l'objet. Le verre va fondre en surface et piéger le liant encore présent à la base de l'objet. Les papiers céramiques BullsEye sont plus fins et moins isolants (c'est mieux). Deuxième facteur : les papiers céramiques contiennent aussi du liant qu'il faut brûler. Malheureusement, ce liant brûlera mal et tardivement ce qui est assez néfaste pour la cuisson de la pâte de verre (qui contient aussi du liant à brûler). En effet, les tâches brunes semblent être des résidus de combustion incomplète de liant. Je crois que cette substance peut être de l'acroléine. D'ailleurs, il y a parfois de minuscules tâches en forme de point d'aiguille sur les objets, et cela semble correspondre à un grumeau de liant. Les plus gros grumeaux peuvent brûler lentement et laisser un point marron. Pour éviter/réduire ces points, il est conseillé de laisser la pâte reposer quelques heures ou plus pour ensuite le remalaxer énergiquement.

Certaines couleurs sont plus sujettes aux apparitions de tâches que d'autres. Les couleurs claires rendent les tâches plus visibles, mais aussi les tons bleus. Les couleurs noires, marron, beige, rouge etc sortent souvent très bien. Le blanc étant une couleur "sensible", c'est avec elle que j'ai fait la majorité des tests...

Une autre piste (que Farida veut réexplorer !) serait de reformuler nos pâtes de verre en employant des granulométries moins fines. De "gros" grains permettent en effet une meilleure combustion du liant. Nos toutes premières formulations étaient grossières. Par contre, comme pour les vaccins, il faut doser le bénéfice/risque, et les pâtes à fine granulométrie cuisent plus vite avec un aspect beaucoup plus lisse. Les anciennes avaient un côté un peu plus rustique et certaines parties centrales ou le dessous des objets cuisaient mal en gardant un petit côté mat voire poudreux. On ne peut pas tout avoir...

Enfin, on peut aussi éviter certains problèmes de tâches en séchant les objets lentement et complètement. Un séchage de 24h me paraît insuffisant, à moins de placer les objets sur un radiateur. Mais attention, j'ai l'impression qu'un séchage accéléré sèche l'objet en surface en piégeant de l'humidité à coeur. Un liant séché est assez "étanche" et peut faire une barrière, réduisant la possibilité d'un séchage correct à coeur. Là aussi, c'est une piste. L'humidité est importante dans ce domaine, car elle empêche une bonne combustion du liant, alors que la surface va fondre rapidement et piéger le liant imbrûlé dessous.

Je crois que j'ai tout dit. J'ai parfois moi-même été déçu de mes propres produits, d'autant que je n'avais pas la notice et que j'ai été obligé de l'écrire à partir de rien ! Par contre, je sais que la pâte de verre permet la réalisation d'objets exceptionnels et parfaitement commercialisables. Ce n'est pas une question de lot défectueux, c'est une question de maîtrise/compréhension des phénomènes physico-chimiques mis en jeux. C'est un sacré défi compte-tenu de la diversité des cas de figure. Je crois même que le léger gain de puissance des M40 Cloud par rapport aux premiers M40 peut être préjudiciable, car dans mes fours prototypes (F50), j'ai des puissances différentes et je vais de 23 minutes à 1h00, avec les meilleurs résultats à 1h00 au niveau de la couleur. En ce moment, mes fours M40/F50 sont un peu moins énergiques qu'à l'habitude, car au lieu d'avoir 230V, j'ai 211V, ce qui est très différent au niveau de la puissance des fours. Il est toujours délicat d'avoir des fours non régulés, car dans ce cas, la tension secteur fluctuante ne permet une parfaite reproductibilité des cuissons. Là aussi, cette imperfection des fours est assumée.

En cas de déception persistante, Farida du SAV , toujours souriante, pourra, je l'espère, transformer (si possible) ta déception en satisfaction via un remboursement et même plus. Nous pouvons aussi envoyer des paquets de pâte gratuits pour poursuivre les tests, car il reste beaucoup à découvrir dans ce domaine. Dans ce cas, il faudra privilégier des objets-tests faciles et rapides à produire. A ce propos, j'espère que la perte des objets créés n'a pas été trop impactante pour le moral ... Farida et moi espérons que cela n'entraînera pas un découragement total et une désaffection pour la pâte de verre.

Merci beaucoup pour cette réponse très complète Jérémie !
Je vais tenter de faire les petites galettes de fire clay et tenter d’autres expériences !
Si je veux tester le fusing avec des morceaux de verre, qu’est ce que je peux utiliser pour donner une forme et que le verre ne s’écoule pas partout : du fil d’acier ?
De même, est-ce que c’est conseillé de cuire avec un apprêt en acier inoxydable déjà en place par exemple, ou déconseillé ?
Merci !!!

Le fusing des morceaux de verre devrait se dérouler sans soucis avec des résultats beaucoup plus prévisibles !  

Pour la taille des galettes, il faudrait viser 5 ou 6 cm de diamètre (voire moins !) pour éviter l'apparition de fissures radiales dans la galette pendant la cuisson. Avec 7 ou 8 cm, on se rapproche dangereusement de la résistance périphérique...
Pour l'épaisseur des galettes, on peut rester entre 3 et 5 mm d'épaisseur. Inutile de viser des épaisseurs importantes. Le séchage entre deux plaques de bois permet d'obtenir une parfaite planéité.

Les apprêts ou fils en acier inoxydable passent bien pour le fusing de morceaux de verre ou pâte de verre. Il va y avoir un léger noircissement mais pas préjudiciable pour la solidité. Par contre, pour la pâte de verre, j'ai eu des déconvenues lorsque le fil pénétrait profondément dans la pâte, car dans certains cas, le fil empêche le retrait de la pâte de verre à la cuisson et au refroidissement. Pour éviter l'étalement du verre fondu, l'option la plus souvent retenue est la cavité creusée dans une matière réfractaire. Attention à l'adhérence dans ce cas, car plus le verre est fondu et donc coulant, il devient "mouillant", c'est à dire qu'il a tendance à pénétrer dans le support comme une glaçure sur une poterie... Il faudra rester à des températures modérées pour éviter ce problème, en évitant que le verre passe à une consistance de miel à chaud. Il faut le garder à l'état pâteux, ce qui en général se produit vers 800°C...

PS : J'ai encore ajouté quelques remarques à mon post de 13:27...

Merci pour tous ces précieux conseils !
Et un grand Merci à toi et Farida pour ton complément au message précédent !!! C’est adorable, j’en prends bonne note !!!🥰

Oh, merci

Je suis rassuré de voir que tu as conservé toute ton énergie créative !